Guérir de l'anorexie

Post date: 30 mai 2016 08:12:02

Cela a pris deux ans. Du moins, c'est ce que je pense aujourd'hui. Deux ans pour guérir de cette maladie que j'ai encore du mal à expliquer : « l'anorexie ». Je ne sais pas dire exactement comment cela est arrivé et même avec l'appui de spécialistes de l'association « Autrement », cela semble encore difficile à dater et à expliquer. Disons simplement que mon anorexie (car oui, c'était bien de l'anorexie même si je refusais à l'époque de prononcer ce mot, de poser un diagnostic) a trouvé son paroxysme à l'été de mes 19 ans, juste après la fin de mon semestre à la faculté. Quand je dis paroxysme c'est maigreur 43kg pour 1m 64 et surtout dépression, absolue conviction que l'on ne s'en sortira pas. Je dirais que jusqu'à octobre j'ai cru que j'allais m'en sortir seule. Car oui, même avec mes parents qui me poussaient à voir un psychiatre, je pensais que je maitrisais la situation. Il est faux de penser que l'on peut s'en sortir seule. C'est dur mais c'est vrai. J'y ai cru. Parfois j'avais l'impression que j'y pensais moins et puis un jour, « un jour sans », la maladie revenait et mon poids m'obsédait. Je dis « mon poids » et pas « la maigreur » car je ne voulais pas, en tout cas consciemment, maigrir.

C'est ma mère qui a trouvé l'association « Autrement », spécialisée auprès des personnes qui souffrent de troubles alimentaires, après que j'ai consulté tous les psychologues de la terre. L'association « Autrement » était une recherche de plus et pourtant la bonne. J'en avais assez de raconter mon histoire à la terre entière et que rien n'aboutisse. Je voulais « acter ». J'ai rencontré le diététicien Didier Perrin grâce à cette association. En un an de suivi régulier mon état c'est amélioré jusqu'à il y a environ un mois où j'ai entendu de sa voix que j'étais guérie. En parallèle de ce suivi pour me faire comprendre ou plutôt me réapprendre manger et à aimer cela, j'ai rencontré une psychologue comportementaliste Agathe Barouillet par le biais de cette même association. Ces deux spécialistes m'ont sorti de la maladie. Alors bien sûr, j'ai encore des jours de moins bien, des jours où je ne me trouve pas assez cela ou pas assez ceci, je fais encore attention à ce que je mange. Seulement maintenant, j'ai assez de conscience, de recul pour me dire que je préfère peser le poids que je fais plutôt que de retomber aussi bas que j'avais pu tomber. Je tiens à rassurer toutes les femmes qui lisent ces derniers mots : je ne suis pas devenue l'opposé d'une jeune femme anorexique en poids ! Car oui, j'avais peur de cela aussi, devenir « énorme », tomber dans l'extrême opposé. Je m'habille toujours dans une petite taille, seulement maintenant, « je remplis » cette taille. J'ai banni les balances de chez moi. Je ne pense pas en racheter une un jour ou même me repeser. Mon seul indicateur est un jean fétiche et le regard bienveillants des autres. J'aime la vie et c'est parce que la vie est belle que je dis à toutes les jeunes femmes qui lisent ces lignes que l'on peut sortir de cette maladie et qu'on en ressort

grandie, plus forte et oui, plus belle ! Mais je le redis encore, on ne peut pas s'en sortir SEULE.

Je tiens à remercier Monsieur Didier Perrin et Madame Agathe Barouillet, deux personnes extraordinaires qui ont redonné goût à la vie à une jeune femme qui n'y croyait plus. Que la vie est belle ! Merci.